Vers une grammaire contrastive des temps verbaux pour les apprenants Vietnamiens du français langue étrangère (fle)
Les temps verbaux constituent depuis toujours l’une des questions épineuses pour un
apprenant du FLE, surtout pour ceux dont la langue maternelle n’est pas proche des langues
flexionnelles comme le vietnamien, totalement étranger à la notion de temps verbaux. Cet article
propose une nouvelle perspective pour aborder l’expression de la temporalité en didactique du
FLE dans le contexte vietnamien: approche contrastive axée sur la langue maternelle de
l’apprenant. Tout d’abord, seront passés en revue la notion de linguistique contrastive et son enjeu
didactique, l’apport des recherches sur les universaux langagiers ainsi que le rôle primordial de
l’approche sémantique dans la conception d’une grammaire dite contrastive. Ensuite, certaines
difficultés concernant la question de la temporalité feront également l’objet de nos réflexions. Pour
conclure, l’auteur de cet article essaie de dresser les grands traits de ce qui pourrait être une
grammaire pédagogique contrastive des temps verbaux destinée particulièrement aux apprenants
vietnamiens du FLE.
TẠP CHÍ KHOA HỌC TRƯỜNG ĐẠI HỌC SƯ PHẠM TP HỒ CHÍ MINH Tập 18, Số 1 (2021): 83-94 HO CHI MINH CITY UNIVERSITY OF EDUCATION JOURNAL OF SCIENCE Vol. 18, No. 1 (2021): 83-94 ISSN: 1859-3100 Website: 83 Research Article* VERS UNE GRAMMAIRE CONTRASTIVE DES TEMPS VERBAUX POUR LES APPRENANTS VIETNAMIENS DU FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE (FLE) Vu Triet Minh Université d’Éducation de HoChiMinh-ville, Vietnam Contact: Vu Triet Minh – Email: minhvt@hcmue.edu.vn Reçu le: 26 avril, 2020; Correction reçue le: 26 juillet, 2020; Accepté le: 22 janvier, 2021 RÉSUMÉ Les temps verbaux constituent depuis toujours l’une des questions épineuses pour un apprenant du FLE, surtout pour ceux dont la langue maternelle n’est pas proche des langues flexionnelles comme le vietnamien, totalement étranger à la notion de temps verbaux. Cet article propose une nouvelle perspective pour aborder l’expression de la temporalité en didactique du FLE dans le contexte vietnamien: approche contrastive axée sur la langue maternelle de l’apprenant. Tout d’abord, seront passés en revue la notion de linguistique contrastive et son enjeu didactique, l’apport des recherches sur les universaux langagiers ainsi que le rôle primordial de l’approche sémantique dans la conception d’une grammaire dite contrastive. Ensuite, certaines difficultés concernant la question de la temporalité feront également l’objet de nos réflexions. Pour conclure, l’auteur de cet article essaie de dresser les grands traits de ce qui pourrait être une grammaire pédagogique contrastive des temps verbaux destinée particulièrement aux apprenants vietnamiens du FLE. Mots-clés: approche sémantique ; grammaire contrastive ; temporalité ; Vietnamien 1. Introduction Inné pour des locuteurs natifs, l’usage des temps verbaux relève de l’une des difficultés majeures de l’apprentissage du français langue étrangère (FLE). Du point de vue des langues indo-européennes ou slaves, la langue vietnamienne, tout comme ses consœurs asiatiques, présente d’énormes contrastes avec le français en termes d’expression de la temporalité, surtout en ce qui concerne l’aspect morphosyntaxique1, mais aussi sur le plan sémantico-cognitif, ce qui pourrait obstruer l’acquisition de la langue française chez les apprenants vietnamiens. Enseignants, chercheurs, didacticiens et linguistes ont beau rechercher des perspectives pédagogiques en vue d’une meilleure intériorisation de la Cite this article as: Vu Triet Minh (2021). About a contrastive grammar on verb tenses for Vietnamese learners of French as a foreign language. Ho Chi Minh City University of Education Journal of Science, 18(1), 83-94. 1 Le français est une langue flexionnelle, le vietnamien langue isolante. HCMUE Journal of Science Vol. 18, No. 1 (2021): 83-94 84 question temporelle pour les vietnamiens, aucune grammaire existante, nous paraît-il, ne s’est orientée dans une démarche contrastive, c’est-à-dire apprendre à l’apprenant, outre les règles grammaticales propres au système temporel français, comment celui-ci se diffère de celui du vietnamien. 2. L’analyse contrastive et les universaux langagiers La linguistique contrastive comme sous-branche de la linguistique générale a pour objet d’étude la comparaison systématique entre deux ou plusieurs langues dans le but de décrire leurs similarités et leurs différences. Si la linguistique contrastive contribue à l’éclairage des faits linguistiques d’ordre général, son rôle s’avère non négligeable en didactique des langues. Par ailleurs, l’hypothèse contrastive fait partie des théories sur lesquelles ont été fondées des recherches sur l’acquisition des langues étrangères. Elle présente à cet égard d’importants intérêts pour des recherches sur la linguistique. Selon Klein (19892, p.40), l’acquisition d’une seconde langue est déterminée par les structures de la langue que l’on possède déjà. Les structures de la langue étrangère qui coïncident avec celles de la langue maternelle sont acquises vite et facilement : il y a “transfert positif”. Contrairement à l’hypothèse de l’identité3, qui considère comme marginal le fait qu’un apprenant ait déjà maîtrisé une langue, la démarche contrastive doit impérativement reposer sur les préacquis linguistiques de l’apprenant, que ce soit sa langue maternelle ou une autre langue déjà acquise. Certes, plus la proximité de la langue source avec la langue cible est considérable, comme le cas de l’apprenant italianophone du FLE par exemple, plus rapidement cette dernière serait maîtrisée. Mais qu’en est-il pour l’apprenant vietnamien qui ne parle que sa langue maternelle, laquelle se caractérise par de nombreuses divergences aussi bien sur le plan morphologique que syntaxique avec le français ? Dans la définition susmentionnée, Klein n’ayant pas précisé la nature des “structures de langue”, nous présumons qu’il s’agit simplement de la structure morphosyntaxique de la langue. Or, si l’on en croit R. Di Pietro, cité dans Besse & Porquier (1991, p.201), “l’analyse contrastive peut être définie comme le processus qui consiste à montrer comment chaque langue interprète des traits universaux communs sous des formes de surface spécifique”. Novakova4 propose ainsi une typologie selon laquelle il existe au moins cinq types d’universaux: conceptuels, fonctionnels, implicationnels, grammaticaux, empiriques. 2 Klein, W. (1989). L’acquisition de langue étrangère, traduction de Colette Noyau. Armand Colin. 3 idem 4 Novakova, I. (2010). Syntaxe et sémantique des prédicats (approche contrastive et fonctionnelle), Dossier présenté en vue de l’Habilitation à Diriger des Recherches. Volume 1: Synthèse des travaux de recherche. HCMUE Journal of Science Vu Triet Minh 85 Lorsqu’on parle d’invariants (ou d’universaux) langagiers, on a en vue aussi le fait qu’il existe des domaines, appartenant à l’espace sémantico-cognitif universel, qui fournissent des catégories grammaticales []. Dans ces universaux conceptuels (ou notionnels), on range des concepts abstraits susceptibles d’être présents dans toutes les langues [], mais aussi des catégories grammaticalisées qui appartiennent aux espaces notionnels des temps/aspects/modes [] Novakova (op.cit. p.18) Rejoignant ce point de vue, nous entendons par “universaux” des substances sémantico-cognitives communes à tous les locuteurs de langues différentes. En d’autres termes, si les structures morphosyntaxiques varient d’une langue à une autre, elles peuvent tout à fait être sémantiquement équivalentes ou impliquent des procédés cognitifs similaires pour désigner une même réalité extralinguistique5. Pour revenir à notre questionnement, nous considérons que, en dépit des dissemblances morphologiques, le français et le vietnamien, tout comme n’importe quelle autre langue, véhiculent des concepts d’ordre sémantique et cognitif communs à toutes les deux. L’analyse contrastive, par conséquent, ne se limite pas à la dimension morphosyntaxique, mais peut également s’opérer sur les critères sémantiques et cognitifs de la langue. C’est ce postulat qui sous- tend ici notre recherche. 3. La description linguistique, un piège à éviter Il s’ensuit que l’analyse contrastive des similarités et différences à divers niveaux de la langue entre le vietnamien et le français pourrait aider l’enseignant du FLE tant à favoriser une acquisition plus rapide de certaines connaissances linguistiques chez l’apprenant vietnamien qu’à anticiper les zones de difficultés dans son apprentissage. Or, comme le fait remarquer Klein (1989, p.41), les résultats de l’analyse contrastive, si intéressants soient-ils sur le plan linguistique, ont été plutôt décevants au niveau didactique et les tentatives de recherche d’une “grammaire contrastive” étaient souvent vouées à l’échec. Explication : [] aucune raison de croire qu’il y ait un isomorphisme ou même une relation quelconque entre les structures, les catégories, les règles d’une théorie descriptive et les structures et processus cognitifs mis en jeu lorsque des êtres humains apprennent, intériorisent et utilisent une langue. [] (J.T. Lamendella, cité dans Besse & Porquier, 1991, p.202) En effet, ce n’est pas la description linguistique faite par les linguistes qui compte, ce qui importe finalement ce sont les procédés par lesquels l’apprenant arrive à saisir tels contrastes dans sa compréhension, mais également dans sa production. Autrement dit, les 5 Par exemple, l’absence du temps verbal ne signifie pas que le vietnamien ne puisse pas exprimer le temps linguistique, car cela se fait par d’autres moyens notamment lexicaux. Les deux langues, tout en utilisant les procédés différents pour l’exprimer, se rejoindraient probablement sur les opérations sémantico-cognitives pour exprimer la chronologie des faits. HCMUE Journal of Science Vol. 18, No. 1 (2021): 83-94 86 analyses linguistiques, tout aussi importantes, ne doivent que fournir au début une solide base de données linguistique, après quoi interviendra une suite d’opérations didactiques destinées à les pédagogiser et les faire intérioriser par l’apprenant. Néanmoins, cela ne veut en aucune façon nier l’intérêt de la méthode contrastive, l’important est que toute tentative soi-disant contrastive ne se réduise à de simples exercices de comparaison superficielle entre deux langues, qu’elle induise toute une démarche pédagogique après. Reste à voir si on pourrait parvenir à éviter tous ces pièges et à intégrer d’une manière efficace l’ “arme” contrastive à la didactique des langues en général et du FLE en particulier. 4. Une perspective didactique centrée sur la langue maternelle Besse & Porquier (1991) critiquent en effet le fait de parler de “transfert entre deux systèmes linguistiques” quand une personne apprend une langue étrangère. Ce qui entre effectivement en contact n’est pas deux langues, mais bien la “grammaire intériorisée de sa langue maternelle et ce qu’il connaît ou découvre [] de la langue étrangère”. [] transferts positifs et négatifs ne peuvent s’opérer, chez l’apprenant, entre deux systèmes linguistiques, mais entre ce qu’il possède déjà de l’une ou de l’autre. Le transfert ne peut s’opérer alors qu’entre ce qui est déjà acquis, de la langue maternelle et de la langue étrangère, et les données nouvelles d’acquisition. (Besse & Porquier, 1991) Trop souvent, on a tendance à minimiser le rôle de la langue maternelle dans la didactique de langues, surtout dans les cas où celle-ci ne connaît pas une proximité morphosyntaxique par rapport à la langue cible, tel le cas du vietnamien et du français. Pourtant, nous sommes convaincu qu’il y a toujours matière à réflexion dans une langue par rapport à une autre. En réalité, de nombreux enseignants du FLE au Vietnam ont été amenés à se référer à l’anglais, langue que la majorité de leurs apprenants vietnamiens avaient déjà connue avant d’attaquer le français. Quoique le passage par l’anglais demeure toujours une piste, cela n’est pas toujours évident, car ce qui l’est, c’est que tous les Vietnamiens parlent vietnamien. La “méconnaissance” en quelque sorte de sa langue maternelle dans le cas des enseignants vietnamiens pourrait se montrer regrettable, car on se serait alors privé d’un excellent outil pédagogique pour faire acquérir une langue. Les remarques ci-après de C. Germain6 consolident nos propos : “la problématique fondamentale de l’apprentissage d’une langue seconde tient à 1. L’obligation de tenir compte de ce qui existe déjà. 2. L’impossibilité de déstructurer cet acquis. 3. La nécessité d’y superposer de nouvelles habiletés et connaissances”. Quand un apprenant de langue étrangère essaie de comprendre ou de produire des énoncés dans cette langue, il s’appuie sur toutes sortes de connaissances susceptibles de l’aider. L’un de ces types de connaissances est ce qu’il connaît de sa langue maternelle []. Mais il est 6 Cité dans Besse, & Porquier (1991, p.200) HCMUE Journal of Science Vu Triet Minh 87 important de garder à l’esprit que sa compétence en langue maternelle n’est que l’une des ressources possibles [] (Besse & Porquier, 1991, p.203) Il est temps donc de se dire que contrairement à ce qui est dit, le vietnamien pourrait très bien constituer de plein droit une matière première pour l’enseignement du FLE. 5. Vers une grammaire pédagogique Nous nous référons ici à la définition proposée par Besse & Porquier (op.cit), selon laquelle, à la différence d’une grammaire d’apprentissage, qui représente “ la connaissance effective des apprenants à un stade quelconque”, une grammaire pédagogique comprend des descriptions pédagogiques ou pédagogisées d’une langue. Selon les auteurs, la grammaire descriptive, la grammaire pédagogique et la grammaire d’apprentissage s’entretiennent des rapports complexes. Ce “ réseau des interrelations” peut être lu comme suit : [] les grammaires descriptives informant les grammaires pédagogiques et celles-ci à leur tour informant les grammaires des apprenants [] [] les grammaires d’apprentissage7 informent et structurent les grammaires pédagogiques [] [] Les notions de grammaire pédagogique et de grammaire d’apprentissage prennent en compte l’influence de la langue maternelle et l’apparition d’erreurs, grammaticales ou autres, dans toute situation d’enseignement/apprentissage [] (Besse & Porquier, 1991, p.198-200) Il est clair que les grammaires pédagogiques doivent prendre en compte des données linguistiques savantes émanées des travaux de linguistique descriptive, et par la suite les reformule et adapte de manière à rendre compte, par souci pédagogique, des normes et usages langagiers des locuteurs natifs de cette langue. Ensuite, le recul par rapport aux grammaires d’apprentissage permet d’identifier les zones d’ombre du réel processus de transposition didactique, comme Besse & Porquier (1991) le remarque, “soit que les tentatives d’expression s’écartent des réalisations prévues, soit que l’assimilation se heurte, de façon tacite ou exprimée, à des obstacles, cette grammaire pédagogique se verra interrogée, mise en question, détournée ou subvertie, déconstruite ou reconstruite autrement”. Si la sélection et la réorganisation des données descriptives du système linguistique sont relativement envisageables (par exemple en fonction du besoin communicatif de l’apprenant), il n’est pas évident de voir ensuite, comme montré supra, si celui-ci arrive à comprendre ou reproduire une connaissance. Cela nécessiterait éventuellement des feed- back provenant du public enseigné, des tests de production/compréhension, bref, une étude du terrain s’imposera. 7 Grammaire des apprenants. HCMUE Journal of Science Vol. 18, No. 1 (2021): 83-94 88 6. Grammaire du sens comme outil de rapprochement Berthoud & Py8 affirment qu’ “une des conditions à remplir lorsqu’on étudie l’apprentissage d’une langue, c’est d’arriver à un découpage de celle-ci fondé non pas sur les catégories de la grammaire descriptive, mais sur celle de l’apprenant”. La notion de l’apprenant, bien qu’ayant gagné un terrain croissant dans la didactique des langues en général, voit sa proportion souvent réduire dans la plupart des ouvrages de grammaire, à part quelques travaux ne s’inscrivant pas dans une description linéaire des catégories linguistiques (grammaire morphologique), à l’image de Grammaire du sens et de l’expression9 ou Grammaire pour l’enseignement/apprentissage du FLE10. Des tentatives encore plus récentes à élaborer une grammaire scolaire contrastive ont été également engagées par Jean-Claude Beacco et son équipe. Ces grammaires ont un point commun: elles n’ont plus recours au traditionnel critère morphologique souvent imposé par le souci de décrire au complet le système linguistique français, mais opèrent désormais sur le critère sémantique, mettant en avant les opérations conceptuelles de caractère général et universel11. Adhérant à ce courant de pensée, nous sommes persuadé que l’approche sémantique est l’une des meilleures pour attaquer la grammaire dans le contexte de l’apprentissage du FLE au Vietnam. Le détournement du critère morphologique omniprésent dans les grammaires traditionnelles présente nombre d’intérêts sur le plan didactique. Tout d’abord, une grammaire du sens permettra d’établir un “pont commun” entre l’apprenant et sa langue apprise. Le sens, de par sa nature universelle, offre à l’apprenant ce fond commun que se partagent tous les locuteurs dans le monde et rend la langue en quelque sorte plus “tangible” pour lui. Cette démarche onomasiologique serait, nous semble-t-il, d’autant plus efficace au service des publics apprenants dont la langue maternelle (supposons qu’ils ne connaissent pas encore de langues étrangères) s’éloigne du français, tel que le vietnamien ou certaines autres langues asiatiques. Deuxièmement, elle est assez flexible en termes de compatibilité avec d’autres perspectives didactiques comme celle de la grammaire inductive ou déductive, ce qui garantirait une certaine marge de manœuvre pour l’enseignant qui saurait librement concevoir son enseignement. 8 Cité dans Besse, & Porquier (1991, p.199) 9 Charaudeau, P. (1994). Grammaire du sens et de l’expression. Hachette. 10 De Salins, G.D. (1996). Grammaire pour l’enseignement/apprentissage du FLE. Didier/Hatier. 11 Ainsi, dans la Grammaire pour l’enseignement/apprentissage du FLE, on retrouve les rubriques suivantes qui offrent un cadre communicatif général en fonction duquel se fait la description des faits linguistiques concernés: la presentation, la personne, l’actualisation du nom et sa quantification, l’affirmation et la negation, la qualification HCMUE Journal of Science Vu Triet Minh 89 7. Le problème de la représentation de la temporalité12 Même au sein de la communauté linguistique française, les linguistes sont toujours partagés sur le modèle temporel en français. La problématique du système des temps verbaux dont les premiers travaux de recherche datent du début du 20e siècle continue toujours de soulever les débats notamment sur les valeurs des tiroirs13 verbaux. Nous en citerons quelques-uns qui, d’après nous, concourent à dissimuler la réalité linguistique des temps verbaux auprès de notre public vietnamien. 7.1. Les temps expriment-ils vraiment le temps ? Problème d’étiquette Si l’on affirme que le langage humain est un reflet exact de l’univers qui tourne autour de l’homme, que les temps verbaux rendent le temps chronologique ou cosmique, qui saurait expliquer l’existence en mode indicatif d’au moins trois tiroirs verbaux pour exprimer l’époque passée ou l’emploi modal de certains temps comme l’imparfait, le plus- que-parfait? Sans parler de ce présent qui n’exprime point le temps, mais une valeur générale ou atemporelle, dit gnomique. Nombreux sont les linguistes qui ont mené des travaux pour déchiffrer ce qui se cache sous lesdits “temps verbaux”, et à les lire, on se retrouve parfois perplexes, face à des conclusions qui sont, pour ne pas dire choquantes, quelque peu contre-intuitives, à l’image de Barcelo & Brès14, qui à la suite d’une description aspectuo-temporelle du sémantisme des temps verbaux de l’indicatif français, arrivent enfin à la conclusion que le présent et le passé composé sont neutres dans leur dimension temporelle. On peut se questionner alors si les tiroirs verbaux français, ce que les apprenants (et nos enseignants) vietnamiens appellent toujours par le terme “temps”, sont vraiment “temporels” comme on l’a toujours cru ? Serait-ce cet usage peu ambigu du français15 qui prête à confusion ou le processus de transposition didac
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